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lundi 11 novembre 2024

Un chef militaire d’un groupe armé condamné pour crimes contre l’humanité

Un ancien militaire de l’armée nationale (FARDC), Donat Kwenga Omari, a été condamné en première instance par le Tribunal militaire de garnison de Bukavu pour crimes contre l'humanité commis lorsqu’il était chef d’une coalition de dizaines de groupes armés Raia Mutomboki appelée « Forces Populaires de Paix ». Malgré un procès qui a permis de faire la lumière sur le rôle joué par Donat Kwenga dans les exactions commises par cette coalition, TRIAL International déplore le recours à la peine de mort.

A la suite d’un procès qui s’est tenu en audience foraine, Donat Kwenga a été reconnu coupable de crimes de viol, esclavage sexuel, meurtre, torture, privation de liberté, disparition forcée et autre actes inhumains en tant que crimes contre l’humanité, perpétrés de 2016 à 2021. Les audiences foraines se sont tenues dans les territoires de Shabunda et Kalehe (province du Sud-Kivu), au plus proche des villages de provenance des victimes et des lieux de commission des crimes.

Des réparations judiciaires ont été accordées à plus de 300 victimes qui ont participé au procès en tant que parties civiles. Le Tribunal a notamment accordé des mesures de réhabilitation pour les victimes de viol et torture.

« Le procès a permis de donner la voix aux victimes et d’établir l’ampleur et la gravité des crimes commis sous la direction de Donat Kwenga dans la province du Sud-Kivu durant plusieurs années », souligne Daniele Perissi, Responsable du programme RDC. « Toutefois, nous regrettons l’utilisation de la peine capitale comme sanction infligée au condamné, d’autant plus dans le contexte actuel de levée du moratoire sur la peine de mort. Nous rappelons aux autorités congolaises que la peine de mort est incompatible avec le droit à la dignité humaine, le droit à la vie et l’interdiction de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »

Ancien Major de l’armée nationale, Donat Kwenga avait déserté pour créer son propre groupe armé en 2012 puis a présidé une coalition des groupes armés Raia Mutomboki (RM) nommée « Forces Populaires de Paix ». Ces dernières années, d’autres chefs RM qui gravitaient autour de lui ont été condamnés par la justice congolaise, dont Kokodikoko en 2019, Hamakombo en 2020, ou encore Bralima et Ndarumanga en 2023. Ce verdict représente une étape majeure dans la sanction de ces groupes qui sévissent depuis plus de dix ans dans la province du Sud-Kivu.

Les milices RM, ou « citoyens en colère » en swahili, sont des mouvements locaux d'autodéfense qui se sont structurés en groupes armés et ont opéré dans la province du Sud-Kivu. Ces groupes ont commencé à se développer en 2011 en réponse aux attaques de la milice rwandaise Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) contre la population, facilitées par un vide sécuritaire. Ils ont ensuite pris contrôle de certaines portions du territoire de la province en lançant des attaques contre la population civile.

TRIAL International a appuyé les ONG congolaises qui ont fourni une sensibilisation et un accompagnement aux victimes pour qu’elles puissent participer au procès, et a coordonné le travail du collectif d’avocat·e·s qui a représenté les victimes tout au long de la procédure judiciaire.

Le travail de TRIAL International sur ce dossier est mené dans le cadre de la Task Force Justice Pénale Internationale du Sud-Kivu, un réseau informel d’acteurs internationaux qui collaborent afin de soutenir le travail des juridictions congolaises dans l’enquête et la poursuite des crimes de masse en RDC.

samedi 9 novembre 2024

Une ONG relève dans un rapport d’enquête une opacité dans la réalisation des travaux d’infrastructures de la voirie urbaine de Kinshasa

Dans le cadre du suivi des investissements publics transférés en provinces et aux ETD, le Centre des Recherches en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a mené une enquête sur la mise en œuvre des projets d’infrastructures routières dans la ville de Kinshasa. Ce travail a pour objectif de renforcer la transparence et la redevabilité des autorités dans la gestion des politiques publiques ; susciter un débat sur l’impact de la dépense publique sur le quotidien de la population.

Ainsi, pour ce travail CREFDL a focalisé son monitoring sur une liste de 27 artères de la ville de Kinshasa,  exécutées entre 2021 et 2023. Des projets inscrits dans deux programmes du Gouvernement. Il s’agit entre autres de “Tshilejelu” et “zéro trou”. L’enquête a permis aussi d’accéder à de nombreux documents pour analyser la cohérence des projets d’investissements et leur impact dans la vie socio-économique de la population vivant à Kinshasa. Des nombreuses visites des chantiers ont été effectuées par les enquêteurs pendant six mois avec des prélèvements des données techniques, à cela s’ajoutent les entretiens avec 50 experts de l’administration et 150 bénéficiaires directs des projets.

Des projets hors cadre budgétaire

Les marchés publics de l’ordre de 171 millions de dollars américains ont été effectués pour moderniser la voirie urbaine de la ville de Kinshasa entre 2021 et 2023. CREFDL relève que les projets de l’ordre de 70,5 millions de dollars américains ont été déjà financé, soit 40,9 % de taux de décaissement. De ce montant, il faut noter qu’environ 22,3 millions de dollars américains ont été payés pour financer la première phase du projet “Zéro trou’’ et près de 40 millions de dollars américains pour payer “Tshilejelu”.

Par ailleurs, ces fonds ne sont pas retracés dans les Loi de finances 2021-2023, moins encore dans la reddition des comptes des années susmentionnées. Toutefois, la reddition des comptes 2022 ne retrace que les fonds décaissés pour financer la route Elengesa, tronçon Mariano-Makala (2,5 millions de dollars américains) et la route Yolo Médical-Mombele à hauteur de 12 milliards CDF (6 millions de dollars américains pour 2,3 km).

Par ailleurs, ce financement ne tient nullement compte du Plan Directeur des transports urbains de la ville de Kinshasa. La tranche annuelle de financement reste faible et ne peut pas résorber les besoins exprimés par le secteur des infrastructures.

Imbroglio autour de certains projets

CREFDL note avec inquiétude l’insertion dans le projet des tronçons ou avenues qui n’existent pas. Le cas de Tshilombo et Lunionzo, supposées dans la commune de Matete, qui ont été financées respectivement à hauteur de 1,7 millions de dollars américains et 1,3 millions de dollars américains, soit un total de 3 millions de dollars américains. Selon les habitants de Matete, Tshilombo est un arrêt de bus et Lunionzo est le nom d’un hôpital.

L’enquête a aussi relevé la double attribution d’un même marché à deux prestataires. Il s’agit de la réhabilitation de l’avenue Shaba (commune de Kasa-Vubu) d’une longueur de 2 Km, qui a été attribuée au même moment à l’entreprise ABC et ensuite à CREC 7. Après analyse des données budgétaires, le projet a coûté 1,9 millions de dollars américains pour financer les mêmes travaux.

Par ailleurs, les mêmes investigations ont renseigné que l’avenue Malandi (Matete) est le prolongement de la Boucle Pierre Mulele. Selon le constat fait sur terrain, les deux tronçons constituent deux projets différents. “Tshilejelu”, pour l’avenue Malandi et la Boucle Pierre Mulele pour “Zéro trou”. Ces deux projets, normalement devraient être combinés, selon la nature des travaux à exécuter pour éviter la confusion.

D’autres observations ont démontré que la modernisation de l’avenue Kulumba (Masina et Limete) a été budgétisée à hauteur de 51,8 millions de dollars américains pour une longueur de 6,8 km et le marché à été attribué à Safrimex dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé. CREFDL constate que ce même projet a été proposé auparavant par le Gouvernement en 2020 pour un montant total de 32 millions de dollars américains. Ceci dégage l’écart de 19,8 millions de dollars américains entre les deux devis du projet.

Opacité dans la gestion des projets

CREFDL note que le recours abusif à la procédure d’exception pour effectuer les marchés publics est l’une des conséquence de l’inefficacité de l’action publique. A cela s’ajoute la confusion entre les projets exécutés en mode Partenariat Public-Privé et ceux passés en marchés publics.
Conflit d’intérêt et abus de pouvoir dans le chef de l’OVD : par exemple, ce dernier étant le maître d’ouvrage délégué, effectue en même temps les études, les valide et attribue les marchés sans l’autorisation du Parlement et leur inscription dans la loi de finances de l’année.

Selon les agents de l’Administration, le ministre des ITP s’est octroyé une rétrocession de 2 % pour chaque projet d’infrastructures à travers son arrêté N°CAB/MINETAT/ITP/AGM/016/2023 du 28 juin 2023 portant définition et gestion des frais de maîtrise d’oeuvre, des projets d’infrastructures. Cet acte constitue un gaspillage des fonds publics, car ce dernier bénéficie chaque année des frais de fonctionnement inscrits dans la Loi de finances pour financer la supervision de son action.

La centralisation de la gestion des projets porte un coût à l’efficacité de la dépense publique. Ainsi, des projets relevant des compétences de la ville de Kinshasa sont exécutés par le Pouvoir Central en violation des principes de libre administration des provinces.

Non respect des cahiers de charge

Après investigation, CREFDL note la non prise en compte du contrôle qualité des matériaux de construction tout au long du cycle de projets. Tous les ouvrages d’assainissement sont dimensionnés sans études préalables. L’absence de celles-ci entraîne la signature de plusieurs avenants au cours de l’exécution et le gaspillage des ressources publiques. Le contrôle et la surveillance des travaux sont faits sans appareils appropriés. La réception provisoire des travaux parfois ne se fait pas. Dans quelques cas d’exception, cela se fait sans tenir compte des normes, c’est-à-dire sans procès-verbal de livraison.

La nature des travaux réalisés ne correspond pas aux montants des travaux, pour certaines artères par exemple l’avenue Masikita (commune de Ngaliema). La vérification arithmétique du devis proposé par l’entreprise soulève quelques écarts considérables. 80 % de la voirie réhabilitée ou construite, il y a deux ans, sont impraticables aujourd’hui malgré le décaissement de 70 millions de dollars américains. L’éclairage public n’est pas pris en compte dans l’exécution des contrats. Les nids de poule ont refait surface, les caniveaux sont bouchés et la circulation à Kinshasa est devenue difficile. Ceci soulève la question de la gouvernance du secteur.

Ainsi, CREFDL invite le Parlement d’interpeller le ministre des ITP pour qu’il s’explique sur la gestion de 70,5 millions de dollars américains investis par le trésor public dans les projets d’infrastructures à Kinshasa entre 2021 et 2023. A la Première ministre d’instruire au ministre des ITP de retirer son Arrêté ministériel n° CAB/MINETAT/ITP/AGM/016/2023 du 28 juin 2023 lui accordant une rétrocession de 2 % du coût des projets d’infrastructures ; d’initier un audit de tous les projets d’infrastructures lancés à Kinshasa entre 2020-2023 ; de clarifier la compétence et les intervenants en matière de gestion des projets de réhabilitation de la voirie urbaine de la ville de Kinshasa ; de prendre des mesures conservatoires contre les responsables de l’OVD ; la suspension de l’exécution de tous les projets de voirie effectués à Kinshasa et la mise en place d’une commission d’évaluation ; de faire respecter les principes des marchés publics ; d’interdire la cogestion ou une gestion centralisée des projets d’infrastructures relevant des compétences exclusives des provinces et des ETD.

Il revient à la Cour des Comptes d’initier un audit complet des projets d’infrastructures exécutés dans la ville de Kinshasa.

vendredi 1 novembre 2024

Les Évêques de la CENCO très préoccupés par l’ampleur que prend l’insécurité dans le pays

Les Princes de l’Eglise catholiques ont adressé le 27 octobre 2024 un mémorandum comme ils savent le faire à chaque tournant historique de la République Démocratique du Congo sur certains aspects de sa mission en tant que chef de l’Etat. Ils sont très préoccupés par l’ampleur que prend l’insécurité, particulièrement dans la partie orientale du pays.

Excellence Monsieur le Président de la République,

1. Avant toute chose, nous sommes pleins de reconnaissance pour la suite favorable donnée à notre demande de vous rencontrer et pour l’accueil que vous nous réservez en ce moment. Nous vous en remercions très sincèrement.

2. Conformément à notre mission prophétique, nous, Cardinal, Archevêques et Evêques, membres de la CENCO, à l’occasion de notre Assemblée plénière de ce mois de juin 2024, avons jugé utile de vous adresser ce Mémorandum par lequel nous vous exhortons sur certains aspects de votre mission en tant que Chef de l’Etat.

3. En vertu de notre responsabilité commune, notre mission consiste, entre autres, à apporter notre contribution sur la marche générale du pays et sur ce qui est à faire en priorité afin que le peuple congolais retrouve sa dignité.

Sur le plan socio-économique

4. Nous vous encourageons à poursuivre les initiatives sociales que vous avez prises, notamment la gratuité de l’enseignement de base et de la maternité, le programme de 145 territoires, les projets sociaux à impact visible avec la collaboration de nos 48 diocèses. En même temps, nous constatons que ces bonnes initiatives souffrent d’un déficit de suivi et de contrôle. Pour preuve, beaucoup de chantiers bénéfiques pour la population sont en souffrance, soit par la mauvaise gestion de l’argent y alloué, soit par l’irrégularité du rythme de financement. Un regard soutenu et vigilant de votre part aidera certainement à améliorer les choses. Vous gagnerez à identifier les personnes réellement idoines et honnêtes qui vous seront redevables dans la réalisation de ce programme.

5. Excellence Monsieur le Président de la République, malgré vos efforts louables à améliorer le social, le peuple congolais en général continue de vivre dans des conditions plus que préoccupantes, sans infrastructures de base, une pauvreté honteuse au regard des richesses dont est doté notre pays. Plus déconcertant est le fait que dans ces conditions décriées, la dette publique de l’Etat ne fait qu’augmenter de façon vertigineuse jusqu’à atteindre près de 10 milliards de dollars américains.

6. En effet, selon les données de la Banque Mondiale, l’indice de misère de la population est passé de 13,6 en 2019 à 25,7 en 2023. Au demeurant, la RDC fait toujours partie des cinq pays les plus pauvres du monde, avec un taux d’inflation qui est passé de 9,2% en 2022 à 20,7% en 2023 et le taux de change de plus en plus galopant. Nous reconnaissons cependant le fait que les salaires des fonctionnaires congolais sont payés plus régulièrement qu’avant. Fort malheureusement, ils ne sont indexés ni au taux d’inflation ni à l’évolution du taux de change. Les deux taux affectent davantage les plus pauvres. Ce qui entraîne la perte très importante du pouvoir d’achat du peuple congolais.

7. Face à cette situation de précarité généralisée de la vie, il est fort regrettable de constater que les dépenses sociales dans notre pays sont celles qui connaissent le taux d’exécution le plus bas. Il serait plus éthique de réduire conséquemment le train de vie des Institutions. Le contraire irait à l'encontre de la devise chère à votre père : « le peuple d’abord ».

8. Nous avons apprécié à sa juste valeur, l’intérêt porté dans votre discours d’investiture du 20 janvier 2024, à l’entrepreneuriat et la création d’emplois, la protection du pouvoir d’achat, la sécurité, la diversification et la compétitivité de l’économie, l’accès aux services sociaux de base ainsi que l’efficacité des services publics.

9. Excellence Monsieur le Président, c’est justement dans ces six objectifs prioritaires de votre quinquennat que l’Eglise Catholique serait davantage utile au pays si les dispositions de l’Accord-Cadre et ses mesures d’application entre l’Etat Congolais et le Saint-Siège étaient respectées. Malheureusement, nous rencontrons beaucoup de difficultés dans son application de la part des compatriotes qui y voient une faveur faite à l’Eglise Catholique, au lieu de considérer le service à rendre à la population grâce à cet Accord. Votre intervention s’avère nécessaire pour y remédier.

Sur le plan sécuritaire

10. Comme tous les Congolais, nous sommes très préoccupés par l’ampleur que prend l’insécurité, particulièrement dans la partie Est de notre pays.

Les groupes armés étrangers et locaux s’activent de plus en plus. Par conséquent, une partie non négligeable de notre pays est occupée par les rebelles soutenus par les pays voisins, malgré toutes les dispositions prises depuis lors pour y faire face. C’est, entre autres, le cas de Bunagana qui est sous contrôle de l’ennemi depuis deux ans. Une situation qui a déjà fait des millions de victimes et de déplacés internes qui vivent dans des conditions infrahumaines.

11.  A ce propos, outre les pertinentes recommandations que nous avions faites, notamment la réduction du train de vie des Institutions pour donner plus de moyens aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et la dénonciation des officiers traîtres, nous voulons ici insister sur la nécessité de renforcer la cohésion nationale pour faire face à l’ennemi commun. Votre diplomatie en sortira plus forte si elle est portée par une dynamique nationale qui résulte du concours de différentes forces vives du pays, y compris l’opposition politique.  Malheureusement, cette demande n’a jamais trouvé un écho favorable suite à certaines considérations politiciennes qui ne servent pas à l’unité du pays.

Sur le plan socio-politique

12. Les irrégularités et les incidents, ayant caractérisé les dernières élections, ont créé une grande frustration, même au sein de la Majorité.  Qui dit frustration, dit menace à la cohésion nationale.  Aussi, les dérives constatées lors des scrutins du 20 au 27 décembre 2023 ont davantage augmenté la méfiance de la population vis-à-vis du processus électoral.

13. Pour remédier à cette méfiance, nous percevons l’extrême nécessité d’évoluer vers un pacte national issu des concertations de principales forces vives du pays sur les modalités d’organisation de prochaines élections.  Il est souhaitable de le faire le plus tôt possible en dehors de la pression électorale.

14. Nous suivons avec attention le débat sur un éventuel changement de la Constitution.  Cette délicate question   peut déstabiliser le pays si elle n’est pas bien traitée.  Nous vous prions de bien examiner tous les aspects y afférents avant de vous engager.

15. D’ores et déjà, nous vous exhortons à veiller à ce qu’on ne touche pas aux articles verrouillés que nous avions protégés ensemble quand vous étiez dans l’opposition. Agir autrement exposerait le pays à des tensions sociales difficiles à gérer au moment où nous avons plus besoin de cohésion nationale.

Sur le plan de la justice et du droit

16. Nous apprécions votre dénonciation du dysfonctionnement de la justice dans notre pays. Malheureusement, et malgré vos multiples interpellations, la situation semble évoluer de mal en pis. Nous sommes déboussolés par l’allure que chaque jour prennent la corruption, le détournement de deniers publics et l’impunité. A cela s’ajoutent les injonctions et influences politiques qui portent sérieusement atteinte aux droits des paisibles citoyens. Le désastre observé à la plus haute cour juridictionnelle dans le traitement des contentieux électoraux en est un témoignage éloquent.

17.  A ce sujet, il convient qu’à l’aube de votre deuxième mandat, des signaux plus que forts soient donnés dans l’objectif de créer une nouvelle perception de notre justice en corrigeant les erreurs du passé et que les droits de tous les Congolais soient garantis.

Conclusion

18.  Excellence, Monsieur le Président de la République,

Vos nobles résolutions ne pourront être matérialisées que dans un environnement éthique qui, hélas ! fait encore défaut à notre pays. Nous comptons beaucoup sur votre impulsion personnelle et vous pouvez compter sur notre prière et contribution.

Que la lumière du Christ soit sur vous et vous accompagne tout au long de votre mandat au service de notre pays que, tous, nous voulons plus beau qu’avant.

Rawbank honore l'héritage de Muhammad Ali en lançant des initiatives en faveur de la jeunesse congolaise

A l'occasion du 50ème anniversaire du combat légendaire entre Muhammad Ali et George Foreman, Rawbank, la première banque de la République Démocratique du Congo, s'associe à cet événement historique pour réaffirmer son engagement auprès de la jeunesse congolaise. Au-delà du ring, ce combat, qui s'est déroulé à Kinshasa le 30 octobre 1974, est devenu un symbole universel de résilience, de persévérance et de leadership, des valeurs que Rawbank place au cœur de ses actions.

Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre du programme We Act de la Rawbank, conçu pour soutenir les jeunes Congolais et leur offrir des moyens concrets de jouer un rôle actif dans le développement du pays. A travers We Act, Rawbank encourage l'entreprenariat, la formation et le leadership pour favoriser l'émergence d'une nouvelle génération de leaders engagés dans la transformation socio-économique de la RDC. Cet engagement reflète la volonté de la Rawbank d'aller "au-delà d'une banque", en s'affirmant comme un acteur clé du changement social et du progrès en République Démocratique du Congo.

Un talk-show exclusif et une exposition immersive pour sensibiliser le public

Pour célébrer cet anniversaire historique, Rawbank organise un talk-show exclusif le 30 octobre, date symbolique du match, afin d'encourager la jeunesse congolaise à s'engager pour l'avenir du pays. L'émission réunira des personnalités congolaises et internationales telles que le journaliste et producteur Alain Foka, qui partagera son point de vue sur le rôle central de la jeunesse africaine dans la transformation des sociétés. L'humoriste Nordine Ganso, avec son regard plein d'humour, évoquera l'importance de la persévérance et du courage dans la réussite personnelle, tandis que le conteur Pie Tshibanda racontera des histoires de dépassement de soi en hommage à l'esprit combatif de Muhammad Ali.

Parallèlement, une exposition immersive avec l'archiviste, photographe et écrivain Baudoin Bikoko plongera les visiteurs dans l'univers de la bataille historique "The Rumble in the Jungle" et de ses répercussions sur la société congolaise 50 ans plus tard. Photographies et récits feront revivre l'atmosphère de Kinshasa en 1974, révélant l'influence durable de cet événement sur la culture et la société congolaises à travers les témoignages d'historiens. En revisitant les exploits et le courage de Muhammad Ali, cette exposition raconte l'histoire d'un homme qui a inspiré des générations et continue d'incarner des valeurs profondes de transformation, bien au-delà du ring.

Une occasion d'inspirer et de responsabiliser la jeunesse congolaise

En complément de cet événement, Rawbank crée un espace unique d'expression pour la jeunesse congolaise, en hommage aux valeurs de persévérance et de dépassement de soi incarnées par Muhammad Ali. A travers une vidéo inspirante en format micro-trottoir, de jeunes Congolais partageront leur vision de ce que représente Muhammad Ali, figure symbolique de l'ambition et de la résilience. Le projet vise à encourager la réflexion sur ces idéaux et à susciter une prise de conscience collective.

Rawbank va au-delà de cette initiative en offrant un soutien personnalisé complémentaire, notamment des sessions de mentorat. Ces sessions aideront les jeunes à transformer leurs idées et leurs aspirations en projets concrets et durables, avec un impact positif sur leur communauté et sur la société congolaise dans son ensemble.

Mustafa Rawji, directeur général de la Rawbank, a déclaré : "Le 50e anniversaire du Rumble in the Jungle n'est pas seulement un moment emblématique dans l'histoire du sport et du RDC, mais un rappel que chaque obstacle peut devenir une opportunité de transformation. Comme l'a démontré Muhammad Ali, la véritable victoire réside dans le pouvoir de l'esprit. C'est cette leçon, si chère à Rawbank, que nous voulons transmettre aux jeunes Congolais. Nous voulons leur donner les outils pour construire un avenir plus juste et plus prospère, avec le soutien d'une banque qui croit fermement en leur potentiel.

À propos de Muhammad Ali

Muhammad Ali est l'un des athlètes et des humanitaires les plus influents du XXe siècle et a créé certains des moments les plus légendaires de l'histoire du sport et des droits civiques. Plus de 60 ans après avoir remporté la médaille d'or de boxe aux Jeux olympiques de Rome en 1960, l'héritage d'Ali s'étend au-delà du ring et il continue d'être largement reconnu comme l'une des icônes les plus célébrées et les plus aimées de tous les temps.

Son éthique de travail incomparable, ses techniques de boxe emblématiques et son intrépidité à défendre ses convictions contribuent à la légende qu'est Muhammad Ali. Parmi ses innombrables récompenses et distinctions, il a été nommé "sportif du siècle" par Sports Illustrated, "athlète du siècle" par GQ, messager de la paix des Nations unies, et a reçu la médaille présidentielle de la liberté et le prix d'Amnesty International pour l'ensemble de sa carrière. L'héritage de Muhammad Ali est célébré dans toutes les cultures et continue d'inspirer les athlètes, les artistes, les musiciens et les humanitaires les plus influents du monde entier. Pour perpétuer son héritage, il a créé en 2005 le Muhammad Ali Center à Louisville, dans le Kentucky, afin de susciter le changement, de poursuivre la justice et d'inspirer la grandeur.

Muhammad Ali considéré comme le plus grand athlète américain du 20ème siècle

Aux organisateurs de Rawbank , à tous les estimés invités, ainsi qu'à ceux d'entre vous qui sont venus pour en savoir plus sur le Rumble in the Jungle, merci d'être ici aujourd'hui alors que nous commémorons cet événement marquant, a déclaré l’ambassadrice des Etats-Unis en RDC, Lucy Tamly.

Il est réconfortant – mais pas surprenant – de voir qu’il continue de captiver le public 50 ans après. The Rumble in the Jungle a mis les relations américano-congolaises sous les projecteurs à l’échelle mondiale. « L’événement est bien sûr surtout connu pour la boxe et ses incroyables prestations musicales, mais je pense que vous conviendrez tous qu’il s’agissait de bien plus que cela ».

« Je ferai référence à une citation de nos amis de Rawbank, qui, lors de la planification du merveilleux événement d’aujourd’hui, ont déclaré que le Rumble in the Jungle était un symbole universel de résilience, de persévérance et de leadership. Je suis tout à fait d’accord. Ce sont des valeurs que les peuples congolais et américains incarnent encore aujourd’hui. Je suis heureuse de constater que l'exposition d'aujourd'hui s'adresse à la jeunesse congolaise, dont beaucoup découvrent pour la première fois ce qui s'est passé en 1974. Je suis convaincu que vous serez inspirés par ce que vous voyez ».

Elle encourage les participants à prêter une attention particulière, surtout à la vie Muhammad Ali, communément considéré comme le plus grand athlète américain du 20ème siècle, voire de tous les temps. Ali croyait avec ferveur, et l'a montré par son exemple, que chaque individu a le pouvoir de changer son environnement pour le meilleur et de contribuer à rassembler les gens, que ce soit dans le sport ou dans la société.

L’ambassade des États-Unis a baptisé sa propre célébration de cet anniversaire important « Voix de l’espoir », en s’inspirant de l’exemple d’Ali et des athlètes, artistes et musiciens qui ont captivé le monde en octobre 1974 et dont les œuvres et les efforts ont inspiré des millions de personnes.

« Je suis heureuse d'annoncer que les États-Unis sont représentés aujourd'hui, comme il y a 50 ans, par plusieurs musiciens très talentueux, que vous aurez l'occasion d'écouter prochainement. Merci encore à tous d'avoir pris le temps de garder vivant et prospère le souvenir du Rumble in the Jungle. Par votre présence, vous reconnaissez non seulement une étape sportive et culturelle, mais aussi un événement qui symbolise les liens durables entre les peuples de la RDC et des États-Unis ».

samedi 12 octobre 2024

La Corée du Sud apporte 2,5 millions de dollars américains au PNUD pour lutter contre les violences basées sur genre

Le Gouvernement de la République de Corée du Sud a alloué une contribution de 2,5 millions de dollars américains au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Cette contribution financière vise à mettre en œuvre le projet d’assistance humanitaire pour la lutte contre les Violences Basées sur le Genre en République Démocratique du Congo.

Ce projet d’une durée d’une année sera exécuté dans 3 provinces à savoir le Nord-Kivu, l’Ituri et le Sud-Kivu marquées par des crises humanitaires dues aux conflits armés ainsi qu’aux catastrophes naturelles. Ces-derniers sont à la base des déplacements massifs, laissant des millions de personnes dans un besoin urgent d'assistance humanitaire. Parmi les populations les plus gravement touchées figurent les femmes et les filles victimes des violences basées sur le genre, qui manquent souvent d'accès aux services vitaux tels que les soins de santé, le soutien psychosocial et la prise en charge  juridique et aux moyens de subsistance. .

Ce fonds a pour objectif de réduire les cas des VBG et la vulnérabilité des personnes contraintes au déplacements forcés et renforcer considérablement les efforts pour protéger et autonomiser les survivants des VBG dans le contexte de conflits. Ce financement s'aligne sur le Plan de Réponse Humanitaire 2024 pour la RDC, qui appelle à mobiliser 2,6 milliards de dollars en vue d’aider à 8,7 millions de personnes, dont 524.000 réfugiés, 3,4 millions de déplacés internes et 2 millions de rapatriés. Cette collaboration entre la République de Corée et le PNUD est cruciale pour répondre aux besoins immédiats et à long terme de ces communautés vulnérables.

Au terme de ce projet, il est attendu d’une part que les personnes déplacées internes, les réfugiés, les demandeurs d'asile, y compris les personnes déplacées de force, aient l’accès volontaire à des solutions durables. D’autres parts il est question de renforcer les capacités des structures de prise en charge des survivants des violences sexuelles et basées sur le genre dans l’Est de la RDC. Les fonds contribueront également à la réintégration et à la relocalisation des personnes déplacées internes (PDI) et des réfugiés, en se concentrant sur des solutions à long terme allant au-delà de l'aide humanitaire immédiate.

En définit, il s’agira d’améliorer l'offre d'une justice de qualité en renforçant les institutions de la chaîne pénale dans la poursuite des délits de violences sexuelles et la demande de justice de la population pour favoriser la résolution pacifique des conflits.

Un impact plus large sur la paix et le développement

Ce projet s'intègre également dans l'approche Nexus Humanitaire-Développement-Paix (HDP), que le PNUD pilote en RDC depuis 2018. Cette approche vise à traiter les causes profondes des conflits et des déplacements en favorisant une stabilité et un développement à long terme. En mettant l'accent sur la gouvernance locale, la reprise économique et l'inclusion sociale, le projet contribuera à bâtir des communautés plus résilientes et à réduire la dépendance à une aide humanitaire prolongée.

La République de Corée est un partenaire clé dans la promotion du développement durable en RDC, en soutenant des secteurs allant de la réponse aux VBG à l'application de la loi, en passant par des projets énergétiques. Cette dernière contribution souligne encore une fois l'engagement profond du gouvernement coréen à répondre aux crises humanitaires tout en favorisant la paix et le développement à long terme. Au moment où la MONUSCO commence son retrait progressif, la nécessité d'une aide humanitaire et d'un soutien au développement devient encore plus cruciale. Grâce à ce financement, le PNUD et ses partenaires continueront de protéger et d'autonomiser les plus vulnérables, en veillant à ce que les survivants de VBG puissent vivre dans la dignité et que les populations déplacées puissent reconstruire leur vie en toute sécurité.

mardi 8 octobre 2024

RDC : « Tout rôle joué par le Rwanda dans le soutien au M23 au Nord-Kivu - et par tout autre pays soutenant des groupes armés actifs en RDC - doit cesser »

« Faites de l'espace pour la paix ». C'est la déclaration faite le 8 octobre 2024 à Genève en suisse le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, au sujet de la RDC en compagnie de la Représentante du secrétaire général des Nations unies en République Démocratique du Congo, Bintou Keita. Elle a déclaré lors du Dialogue interactif renforcé sur la situation des droits de l'homme en République Démocratique du Congo au Conseil des droits de l'homme à Genève.

« La situation des droits de l'humain en République Démocratique du Congo continue de s'aggraver sous nos yeux. Un mélange explosif d'escalade de la violence, d'intérêts régionaux et internationaux, d'entreprises exploitantes et d'une faiblesse de l’état de droit. Au détriment d'un peuple déjà dévasté par des décennies de conflit. Cette situation mérite l'attention immédiate de la communauté internationale, afin que les armes se taisent et qu'un espace de paix puisse être créer », a-t-il dit au Conseil des Droits de l’Homme.

Lors de sa visite en RDC au mois d’avril de cette année, plusieurs questions restent d'actualité, a dit Türk. « Tout d'abord, l'impératif de mettre fin au conflit à l'Est. Le nombre de victimes de violations et d’atteintes aux droits humains et de violations au droit international humanitaire continue d'augmenter », Türk a déclaré.

Entre le 1er juin 2023 et le 31 mai 2024, 85 % des violations et atteintes commis dans le pays ont eu lieu dans les provinces touchées par le conflit dans l'est du pays. Les membres de groupes armés seraient responsables de 61 % d'entre elles, ainsi que d'attaques meurtrières contre des civils et des infrastructures civiles, notamment des écoles et des hôpitaux.

« Malgré certains efforts de prévention et d'enquête, les violences sexuelles se répandent, avec 700 nouvelles victimes identifiées au cours de la seule période couverte par le rapport. Les groupes armés enlèvent, retiennent en captivité et soumettent les femmes et les filles à l'esclavage sexuel. Nombre d'entre elles ont été tuées après avoir été violées. Les cas ne sont certainement pas tous signalés. C'est atroce », a dit le Haut-Commissaire.

Selon des sources humanitaires, 940.000 personnes de plus ont été déplacées à l'intérieur du pays cette année, ce qui porte le nombre total de personnes déplacées à l'intérieur du pays à plus 6,4 millions. Le pays compte 23,4 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire, ce qui en fait le pays le plus touché par l'insécurité alimentaire dans le monde.

Les violations des droits humains commises par les forces de défense et de sécurité congolaises, notamment au cours de leurs opérations militaires contre les groupes armés, restent préoccupantes, selon le Haut-Commissaire. Les discours de haine et autres incitations à la discrimination et à la violence, qui existent depuis longtemps, alimentent le conflit et accroissent les tensions politiques dans tout le pays et ne doivent pas être tolérés.

« Je demande instamment aux pays qui exercent une influence sur les groupes armés de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les combats cessent. Tout rôle joué par le Rwanda dans le soutien au M23 au Nord-Kivu - et par tout autre pays soutenant des groupes armés actifs en RDC - doit cesser », Türk a déclaré.

Le haut-commissaire a ajouté que les autorités doivent être pleinement en mesure d'assumer leur rôle dans l'Est pour assurer la sécurité ainsi que les services publics essentiels tels que l'éducation et la santé. L'État doit également combattre l’impunité, et offrir des recours efficaces aux victimes de violations et d'atteintes aux droits humains, y compris l'accès à la justice grâce à un système judiciaire équitable et efficace.

Türk a salué les efforts déployés par les autorités de poursuivre l’obligation de rendre compte. Entre juin de l’année dernière et mai de cette année, 79 soldats des FARDC, 23 officiers de la PNC, 315 membres de groupes armés et 105 civils ont été condamnés pour des infractions liées à des violations et atteintes graves aux droits de l'humain.

 

Les conditions de détention se détériorent dans toute la RDC, a dit le Haut-Commissaire. « Dans les centres de détention gérés par les services de renseignements, en particulier, un certain nombre de détenus sont soumis à la torture et à d'autres mauvais traitements, y compris des violences sexuelles, et sont détenus dans des conditions désastreuses sans accès à leurs familles et à leurs avocats ».

Le haut-commissaire a pris note des efforts récents visant à réduire la surpopulation carcérale et a exhorté les autorités à garantir des enquêtes complètes et transparentes sur les meurtres et les viols de détenus survenus le 2 septembre 2024 à la Prison Centrale de Makala, à Kinshasa.

Il reste préoccupé par la levée, en mars, du moratoire de fait sur la peine de mort - il s'agit d'un grand pas en arrière, qui va à contre-courant de la tendance à l'abolition observée en Afrique et dans le monde entier. La RDC est dotée de ressources naturelles exceptionnelles, notamment de minerais tels que le cobalt, l’or et le cuivre, d'un potentiel hydroélectrique, de vastes terres arables, d'une immense biodiversité et de la deuxième plus grande forêt tropicale au monde.

« Pourtant, l'accaparement des ressources provenant de l'exploitation illégale et du commerce illicite des ressources naturelles de la RDC, avec la complicité d'entreprises à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ainsi que la prolifération et le trafic d'armes, continuent d'être parmi les principaux moteurs de la violence actuelle », a dit le Haut-Commissaire.

« Ce qui me frappe c’est de savoir comment la situation dans l’est est liée à notre vie quotidienne, comme nos portables qui sont nourris par les minéraux de l’est », a dit Volker Türk. « Les habitants de la RDC sont épuisés par la violence, épuisés par le conflit, épuisés par les horreurs de leur vie quotidienne. Ils ont besoin d'avoir et, surtout, d’envisager un avenir », Türk a déclaré.

samedi 5 octobre 2024

Achat de contraception en faveur des jeunes et adolescents : Le gouvernement congolais de s'acquitte pas de sa quote-part

C'est en marge de la Journée mondiale de la contraception célébrée le 26 septembre de chaque année, le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (Cafco) a organisé le 3 octobre 2024 à Kinshasa une journée de réflexion à l'intention des parties prenantes à la santé sexuelle et de la reproduction. 

"Avec les prestataires de santé, les médecins, les infirmiers, le Programme national de santé d'adolescent et le Programme national de santé de la reproduction ainsi que les membres des organisations des jeunes, nous avons constaté que les jeunes et les adolescents ont un taux faible d'accès au service de santé sexuelle et de la reproduction", a déclaré la cheffe du projet Charp, Mimy Mopunga. 

En marge de cette journée, Cafco s'est donné la mission de sensibiliser les parties prenantes pour monter des stratégies qui vont lui permettre de mener le plaidoyer auprès des décideurs pour qu'ils prennent à cœur cette question. 

Selon Mimy Mopunga, la grande partie des produits contraceptifs sont achetés par des partenaires techniques et financiers. "Mais nous avons besoin de l'apport de notre pays. Si un pays n'a pas la maîtrise de la croissance démographique, il lui sera difficile de décoller, de se développer puisqu'on planifie en rapport avec le nombre de la population dans les années avenir". Il faudrait monter des stratégies pour conscientiser le gouvernement puisque c'est le gouvernement qui prend souvent des engagements. "Nous, la société civile, sommes là pour observer et pousser à ce que ces engagements soient respectés".

Cafco a commencé ce projet en 2022. "S'il faudrait parler des résultats, le premier résultat est que les jeunes et les adolescents sont impliqués. Nous parlons sans tabou et sans ambage cette question de la santé sexuelle et de la reproduction et l'accès aussi des adolescents et jeunes". 

Cafco a réussi à réunir les confessions religieuses, des chefs coutumiers qui ne voulaient pas parler de cette question mais il a pu les convaincre. 

"Ils sont devenus des champions de cette cause et cheminent avec nous. Ils se sont impliqués pour faire promouvoir cette question de santé sexuelle et de la reproduction mais également les établissements de santé qui aujourd'hui prennent aussi à cœur cette question puisque la majorité des prestataires n'avaient que l'ancienne information qui n'autorisait pas aux jeunes et adolescents et des personnes adultes de ne pas accepter la planification familiale. 

La loi de 2018 autorise à toute personne en âge de procréer d'utiliser la méthode moderne de son choix. 

"Le plus grand résultat que nous attendons est que le gouvernement commence à décaisser chaque année des fonds pour acheter les contraceptifs puisqu'il n'y a que les partenaires techniques et financiers qui les achètent. C'est un engagement du gouvernement congolais qui doit s'y mettre pour débloquer ses fonds chaque année". 

Depuis 2015, des organisations de la société civile ont réussi à inscrire la ligne budgétaire pour que l'Etat congolais achète des contraceptifs. Les fonds n'ont été décaissés qu'à trois reprises pour l'achat des contraceptifs et plus rien. 

Mise en œuvre du projet sur le terrain

Me Brady Bilala qui représente l'organisation des jeunes et de l'Alliance internationale pour la planification familiale qui est partenaire de mise à l’œuvre sur le terrain du projet Charp en RDC a déclaré qu'ils ont profité de la célébration de la Journée mondiale de la contraception pour pouvoir une fois de plus sur l'importance de sensibiliser les jeunes et les adolescents sur l'importance d'utiliser les différentes méthodes contraceptives parce qu'ils ont le droit d'être informés et d'avoir la bonne information sur la santé sexuelle et reproductive

Ils sont également le droit de pouvoir accéder à ce service lorsqu'ils en ont besoin. 

"C'est dans ce sens que nous avons profité de cette occasion pour réunir encore les différentes organisations de jeunes dans le cadre du projet Charp pour leur parler de cette notion et de cette thématique de la contraception pour que eux aussi voient dans la mesure du possible comment relayer l'information afin que nos jeunes qui sont dans la communauté puissent arriver à adopter un comportement sexuel responsable".

Les jeunes doivent savoir comment se prévenir contre tout le problème de santé publique auquel ils font face notamment le problème des Ist, des avortements à risque, des grossesses non désirées. 

"Je dirais qu'il faudrait qu'on puisse commencer quelque part. Pour cette phase, nous avons d'abord ciblé les 3 grandes provinces du pays. Il s'agit de la province de Kinshasa, la province du Kwilu (Kikwit) , la province du Kongo Central (Matadi)".

Après la mise en œuvre de ce projet dans ces trois provinces, les organisateurs étudieront les résultats attendus afin de mener le plaidoyer au niveau des différents bailleurs pour qu'on puisse toucher d'autres provinces restantes. 

C’est dans cette optique que le Cafco a organisé une journée de réflexion avec les parties prenantes à la Planification familiale afin d’améliorer les services et l’accès aux produits SSRAJ en marge de la célébration  de la Journée mondiale pour la contraception 2024 dont le thème International est "Un choix pour tous : La liberté de choisir" et le thème national "la liberté de choisir la planification familiale pour une autonomisation effective de la fille et de la femme en RDC".