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samedi 22 novembre 2025

Les causes profondes des guerres récurrentes ignorées dans la partie orientale de la Rd Congo

Le Professeur Naupess Kibiswa est Docteur en études de paix, analyse & résolution des conflits et de spécialiste en prévention du génocide obtenu en 2014 aux États-Unis, ancien syndicaliste et secrétaire exécutif de la Société civile de Kinshasa, a fait une analyse du conflit ou des guerres imposées à la République Démocratique du Congo par ses voisins, principalement par le Rwanda.

Genèse des guerres en RDC

Depuis près de trois décennies, la République Démocratique du Congo (RDC) fait face à une succession de guerres dont les dynamiques profondes restent largement mécomprises, volontairement brouillées ou manipulées. Alors que les discours officiels et les négociations évoquent des « causes profondes », ce concept technique est souvent dévoyé, notamment par les acteurs rwandais et le M23, qui présentent des effets du conflit comme s’il s’agissait de ses racines. Cet article clarifie ce que sont réellement les causes profondes d’un conflit selon la grille de lecture de la résolution des conflits, et démontre, à partir de recherches menées entre 2010 et 2014 et d’une analyse politique continue, que les guerres en RDC sont soutenues par trois idéologies puissantes, une ambition géopolitique explicite, ainsi que par des facteurs structurels et conjoncturels internes et externes. Il conclut que tant que ces éléments ne seront pas placés au centre des négociations, aucune solution durable, c'est-à-dire une paix stable, ne sera acquise.

Professeur Kibiswa Naupess

Origine des conflits dans la partie orientale

Depuis 1996, la République Démocratique du Congo traverse des guerres récurrentes qui se renouvellent malgré les accords, dialogues et démarches diplomatiques successives. À chaque cycle, les mêmes discours reviennent : inclusion, réconciliation, sécurité, retour des réfugiés, participation politique... Et pourtant, rien ne change. Les négociations se multiplient, mais la guerre demeure. Une partie essentielle du problème réside dans la manière dont les acteurs parlent des « causes profondes ».

Dans la littérature spécialisée, cette notion renvoie aux racines invisibles du conflit, aux motivations idéologiques, identitaires ou géopolitiques qui l’enclenchent et le nourrissent. Pourtant, certains acteurs, notamment Kigali et le M23, utilisent le terme pour imposer dans l’agenda des négociations des effets du conflit — tels que la question des réfugiés, l’inclusion politique ou la légitimité des institutions congolaises — en prétendant qu’il s’agit de causes profondes du conflit rwandais importé en RDC.

« Lorsque j’entends ce concept utilisé par Kigali et le M23, je suspecte qu’ils vont amener des éléments qui sont en réalité des effets du conflit, et non ses causes profondes », souligne Kibiswa Naupess. Cette confusion méthodique amène la communauté internationale à focaliser les négociations sur de faux problèmes, laissant de côté les véritables moteurs des guerres. Le résultat : aucun accord n’a jamais mis fin au cycle de violence, parce qu’aucun n’a touché les racines qui l’alimentent.

Les recherches menées par Kibiswa entre 2010 et 2014 à l’Université Nova Southeastern en Floride aux États-Unis dans le cadre d’une thèse doctorale ont établi que les guerres au Congo ne sont pas, au départ, des conflits internes ou une guerre civile. « Je n’appelle pas cela conflit congolais. J’appelle cela conflit au Congo, car il ne s’agit pas d’une guerre initiée par les Congolais, mais d’une guerre initiée par Kampala et Kigali, avec l’implication du Burundi dès 1996 ».

Une lecture cohérente des causes profondes des guerres récurrentes en RDC

En résolution des conflits, on compare souvent un conflit à un arbre.

• Les racines = causes profondes : motivations invisibles, idéologies, intérêts fondamentaux ;

• Le tronc = problèmes à résoudre ;

• Les branches = conséquences ou effets du visibles, humanitaires, politiques, etc. du conflit.

Les racines ne se voient pas. Elles ne sont pas mises sur la table spontanément par les acteurs armés, encore moins par ceux qui profitent du conflit. Kigali et le M23 utilisent stratégiquement le concept pour transformer des conséquences (réfugiés dits congolais au Rwanda, prétendue exclusion des Banyarwanda/Banyamulenge « Bany2 », sécurité, gouvernance, etc.) en causes profondes, en vue d’obtenir ainsi des concessions et dividendes politiques recherchées à travers des négociations biaisées et imposées.

Les guerres en RDC : un conflit importé et entretenu

Les guerres qui ravagent la RDC depuis 1996 ne sont pas nées de dynamiques internes congolaises. Elles ont été déclenchées par le Rwanda, l’Ouganda, et secondairement le Burundi. Ces États ont utilisé le territoire congolais comme champ d’expansion militaire, économique et politique. Ils ont mobilisé des communautés rwandophones installées au Congo, particulièrement les les leaders Tutsis qui se font appeler « Banyamulenge » et Kibiswa appelle Banyarwanda/Banyamulenge, pour servir de relais, de prétextes ou de justifications.

Ces guerres ne répondent donc pas aux logiques d’un conflit interne classique : elles ne sont pas des guerres civiles. Elles sont liées à la géopolitique régionale, aux rivalités ethno-politiques rwandaises, aux trajectoires post-génocide, aux ambitions territoriales du Rwanda.

Conflits rwandais exportés sur le sol congolais

La tragédie rwandaise de 1994 a profondément reconfiguré les dynamiques régionales et favorisé une militarisation extrême des relations intercommunautaires. Les vagues successives d’exil rwandais (Hutus et Tutsis, à différentes périodes) ont exporté au Congo leurs conflits internes. Ainsi, les guerres au Congo sont nées de l'interaction entre les ambitions géopolitiques des élites tutsies au pouvoir à Kigali, les luttes historiques entre Hutus et Tutsis, et la faiblesse structurelle de l’État congolais.

Les trois idéologies qui constituent les racines du conflit

Les recherches menées par le professeur Norbert Kibiswa entre 2010 et 2014 ont montré que les guerres répétitives en RDC sont conduites par trois idéologies fondamentales, soutenues par une ambition territoriale explicite.

L’idéologie d’ethnonationalisme hégémonique

Cette idéologie repose sur la conviction que les membres d’une ethnie donnée, dans le cas d’espece, les leaders Tutsis, tout au moins, sont supérieurs ou meilleurs que ceux des autres ethnies, du fait seulement d’être Tutsi. Ils disposent d’une intelligence et d’une capacité politique « naturelle ». Ils ont, pour ce faire, vocation à et droit de gouverner les autres. Elle est porteuse d’un projet politique de domination régionale. Il ne concerne pas tous les Tutsis, mais une élite politico-militaire extrémiste, héritière des familles royales pré-1959 et aujourd’hui proche du régime de Paul Kagame. Il s’agit d’un nationalisme ethnique (ethnonationalisme), où la loyauté première va à l’ethnie et non à la Nation multiethnique dont ces leaders Tutsis se réclament.

À l’inverse du nationalisme civique — modèle dominant au Congo où 450 tribus se reconnaissent toutes dans une identité nationale commune — l’ethnonationalisme hégémonique place l’ethnie au-dessus de l’État.

L’idéologie d’ethnonationalisme sécessionniste

Cette idéologie vise la création d’un État ou d’un territoire autonome fondé sur l’identité ethnique. Elle s’appuie sur des récits historiques réinterprétés, une volonté de distinguer une « identité fabriquée» dite banyamulenge comme base étatique, la revendication d’un espace territorial et politique exclusivement ou majoritairement gouverné par les leaders ethnonationalistes Tutsis.

Dans le cas du Congo, certains leaders banyawanda combinent sécessionnisme et hégémonisme, ce qui crée une idéologie particulièrement nuisible car belliqueuse, selon le Professeur Stephen van Evera de la Massachusset Institue of Technology (MIT).

L’idéologie génocidaire

Cette idéologie repose sur l’idée que l’existence d’un groupe ou l’exercice serein du pouvoir par ce groupe dépend de l’élimination de l’autre. C’est un phénomène historique dans la région des Grands Lacs, en particulier au Rwanda et au Burundi où les Tutsis ont exterminé des Hutus à certaines périodes, les Hutus ont exterminé des Tutsis à d’autres périodes. Cette logique de destruction basée sur l’identité de l’adversaire est profondément ancrée dans l’histoire politique rwandaise et burundaise. Elle a été exportée par le Rwanda en RDC où les troupes rwandaises s’emploient à exterminer les populations bantous congolaises pour les remplacer sur les terres de celles-ci. Les trois idéologies s’entrecroisent et se renforcent mutuellement, créant un moteur idéologique puissant et durable.

Deux ambitions confluentes : l’expansion territoriale du Rwanda et la sécession du Kivu par les leaders extremistes Bayarwanda/Banyamulenge

Les trois idéologies ne flottent pas dans le vide. Elles sont portées par une ambition géopolitique claire, assumée publiquement par Paul Kagame, James Kabarebe, certains leaders religieux rwandais et plusieurs rapports officiels déposés au Parlement rwandais, en particulier celui du 3 juin 2024 (Roporo ya Komisiyo Idansinzwe). Cette ambition proclame faussement plusieurs territoires congolais comme historiquement rwandais comme le dit ce repport. Il s’agit de Masisi, de Rutshuru, d'Uvira, de Fizi, d'Itombwe dans Mwenga.

Il s’agit d’un projet d’expansion territoriale visant à sécuriser un espace d’influence, accéder aux ressources stratégiques, créer une profondeur défensive, installer des populations rwandophones politiquement loyales au Rwanda et redessiner les équilibres démographiques du Kivu. Cette ambition est le pivot géopolitique des guerres répétitives comme elle s’accouple à celle des leaders extrémistes Tutsi dits Banymulenge de créer un Etat ayant Minembwe comme capitale.

Facteurs structurels facilitant la guerre

Le facteur le plus déterminant est la quasi-inexistence de l’État congolais, donc trop faible pour protéger son territoire, ses populations et sa souveraineté. Même des provocations majeures, comme le soutien kényan au M23, les reconnaissances implicites d’un « État de Goma », les infiltrations dans l’armée, les ingérences politiques, ne génèrent aucune réaction institutionnelle cohérente.bCette faiblesse crée un « vide stratégique » exploitable par n’importe quel acteur régional.

La proximité géographique entre les deux États

La proximité des communautés banyarwanda avec la frontière facilite les infiltrations, les manipulations identitaires et les justifications politiques. La présence de minerais, forêts, terres agricoles et routes commerciales offre un intérêt matériel puissant pour entretenir la guerre. Les refugiés et autres populations Banyarwanda illégalement ou légalement immigrées en RDC constituent un réservoir sur des combattants.

La volonté de résister contre la domination d’une ethnie

Les populations, en particulier les leaders des ethnies congolaises de souches ne sont pas prêts à subir la domination Tutsie : ils se battent et se battront toujours. Il y a des complicités et complaisances tant congolaises qu’internationales. La machine propagandiste et lobbies pro-Kagame sont tellement actives a travers le monde et la region des grands lacs qu’elles corrompent et recrutent partout à travers le monde.

Complicités internes avec Kigali

On retrouve des complicités chez certains politiciens, dans l’armée, dans la société civile, parmi les journalistes, dans les milieux religieux, dans certains segments économiques. Ces acteurs relaient les récits rwandais, facilitent les infiltrations ou normalisent les revendications du M23.

Complaisances envers les leaders tutsis extrémistes

Par naïveté, peur ou intérêt, certains Congolais adoptent une attitude complaisante envers les extrémistes tutsis, minimisant les dangers de leurs ambitions hégémoniques.

Sans financements, armement, logistique et réseaux transnationaux, aucune guerre ne durerait 30 ans.

Les ressources proviennent de Kigali, de Kampala, des réseaux économiques internationaux, de la contrebande, des appuis politiques extérieurs.

Domination d’un seul narratif dans les négociations

Le M23 parvient à se faire passer pour l’unique groupe porteur de « causes profondes », marginalisant les autres groupes armés et les communautés locales. Mais les guerres récurrentes en RDC ne sont ni accidentelles ni conjoncturelles. Elles découlent de trois idéologies profondément ancrées, de deux ambitions confluenrtes , des facteurs structurels, des facteurs conjoncturels. Tant que les négociations ignoreront ces éléments, aucune paix durable ne sera possible. La RDC a besoin d’un cadrage analytique nouveau, d’une lucidité politique et d’une diplomatie offensive fondée sur la vérité des causes profondes. Sans cela, le pays restera prisonnier d’un cycle de violences alimenté par des récits mensongers et des ambitions expansionnistes persistantes.

Le Professeur Naupess K. Kibiswa est parmi les trois premiers congolais ayant le titre académique de Docteur en Etudes de Paix, Analyse & Résolution des Conflits et de spécialiste en Prévention du Génocide obtenu en 2014 aux États-Unis. Il enseigne à l’Ecole de Criminologie de l'Université de Kinshasa (EC/UNIKIN), les Universités Catholiques du Congo (UCC) et de Bukavu (UCB) et à l’Institut Supérieur des Techniques Médicales de Kinshasa (ISTM-KIN). Ses recherches portent notamment l’ethnonationalisme et les conflits interminables, titre de son livre publié en 2015 aux éditions Globethics.net, Genève (Suisse). Il est une figure de proue du mouvement de la société civile congolaise dont il est le cofondateur le 22 avril 1991 en vue de faire participer les leaders congolais non politiciens et non membres des institutions publiques à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1991 à 1992. Avec d’autres acteurs clés du mouvement, il a ainsi représenté la Société Civile du Zaïre/RDC à la CNS et au Parlement de Transition du Zaïre pour définir les règles du processus de démocratisation du pays lancé le 24 avril 1990 par le Président Mobutu. Il en demeure le Doyen et Président de la Coordination Nationale. Il est actuellement engagé dans la mobilisation des communautés congolo-américaines en faveur d'un changement de politique américaine en Afrique centrale, plaidant en particulier pour la paix durable en RDC et dans la région des grands lacs ainsi que pour réconciliation Congolo-Rwandaise basée sur la vérité, la justice et la responsabilité des acteurs congolais et rwandais impliqués dans les crimes en RDC depuis 1996. Il tient l’Ouganda autant que le Rwanda pour co-géniteurs de la déstabilisation, des guerres et crimes en cours en RDC.

lundi 6 octobre 2025

Haut-Katanga : Une organisation de la société civile dénonce la spoliation foncière à Kashimbala

L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) exhorte la Première ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), Madame Judith Suminwa Tuluka, à prendre des mesures urgentes, pour mettre un terme aux actes d’extorsion de parcelles perpétrés avec la complicité manifeste des autorités civiles et militaires. L’IRDH juge inadmissible que même l’établissement public, l’Institut National pour la Recherche Agronomique de Kipopo (INERA Kipopo), soit autant malmené que des simples citoyens, par un individu se présentant avec des militaires, en violation du droit à la propriété privée.

Dans le lotissement de Kashimbala, situé dans le village du même nom, au sein du groupement Inakiluba, Chefferie Kaponda, Territoire de Kipushi, de nombreux propriétaires fonciers sont empêchés d’exercer leurs droits de jouissance. Qu’il s’agisse de construire, d’occuper ou d’exploiter leurs terrains, ces personnes sont, soit expulsées par des éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), soit dépossédées au profit des autorités et des tiers. L’opération s’étend sur une superficie de plus de 8.000 hectares et touche plus de 10.000 parcelles, y compris la concession de l’INERA.

Elle est menée par Freddy Kasongo Lumbala, qui revendique 3.800 hectares d’une emphytéose de 25 ans (PC 707) qui serait concédée à son grand-père, en 1983. Des anomalies. Les victimes de spoliation relèvent une série d’anomalies qui les poussent à croire qu’il y aurait une complicité des autorités, en échange des parcelles extorquées.

La réclamation de 3.800 hectares apparaît imprécise et non délimitée. Le titre foncier brandi ne spécifie pas les bornes de la concession revendiquée. Une indication vague suggérant que celle-ci débuterait à 10 kilomètres du centre-ville de Lubumbashi dans la province de la Tshopo, sur la Route Kipopo. Or, cette distance correspond, soit au Bureau de Quartier « La Voix » (à vol d’oiseau), soit à la Route du Contournement/Poids Lourds (par voie routière). Plus préoccupant, le terrain extorqué se trouve au-delà de 25 kilomètres de Lubumbashi et s’étend sur plus de 8.000 hectares, soit plus du double de la superficie revendiquée.

INERA : Historique éloquente

Le domaine de l’INERA remis en cause, abrite des bâtiments administratifs et résidentiels, construits depuis 1935. Il héberge plus de 100 ingénieurs et agents ; 208 étangs datant de 1940 et une foresterie servant à la recherche sur des légumineuses, céréales, tubercules et gestion des ressources naturelles.

L’INERA a été créé par l’arrêté royal du 3 décembre 1926, instituant la station forestière expérimentale de la Régie des Plantations de la Colonie (REPCO). Le 22 décembre 1933, cette entité fut transformée en Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo belge (INEAC). Depuis le 31 décembre 1962, il est devenu l’Institut National pour la Recherche Agronomique (INERA). Jamais désaffecté, le domaine de 1.219 hectares est couvert par trois contrats d’emphytéoses : CE 1378, CE 1380 et CE 1382.

 Des victimes sélectionnées

Les personnes lésées par les agissements de Freddy Kasongo et ses complices peuvent être classées en trois catégories distinctes. Les citoyens vulnérables, expulsés avec le concours des FARDC, puis dépossédés de leurs parcelles que Freddy Kasongo revend à des tiers. La catégorie de ceux qui tentent de résister à l’expropriation. Leurs terrains sont attribués aux autorités civiles ou militaires, en guise de récompense pour leur complicité.

Enfin, la troisième catégorie comprend des individus que Freddy Kasongo choisit délibérément d’éviter, par crainte de représailles ou d’ennuis sérieux, en raison de leur statut, de leur influence ou de leur capacité à se défendre. De nouveaux propriétaires sont des autorités. À titre illustratif, l’administration locale de l’INERA est dissuadée d’intervenir sur son domaine, en raison de la présence militaire et des pancartes portant des mentions intimidantes telles que : « Conseil d’État », « Concession occupée par les magistrats », « DGM » ou « Chefferie Kaponda ».

Devant la parcelle sous PC 44583, appartenant à Mriya Mbayo, une pancarte porte l’inscription : « Concession privée, Honorable députée Prudence Kabange ». La concession Kabongo, enregistrée sous PC 4865, est envahie par des gens sans titres, prétextant avoir acheté à la famille du Chef Kashimbala ou à des militaires.

En raison de cette implication militaire dans le conflit foncier, certaines victimes, dont Patrick Bukasa Shabanza, ont dénoncé les actes de Freddy Kasongo à l’Auditorat Militaire de Garnison de Lubumbashi, pour occupation illégale et incitation de militaires à commettre des actes contraires à leurs obligations et à la discipline militaire.

Dans le cadre de l’instruction, l’Auditeur militaire a requis l’expertise du Conservateur des titres immobiliers de la circonscription foncière de Kipushi-Nord qui a rendu son avis technique, le 13 août 2025, en deux points. Les références figurant sur le contrat d’emphytéose de Freddy Kasongo, NADD8/0452445 (PC 707) du 08 novembre 1983, ne relèvent pas de la circonscription foncière de Kipushi-Nord. Le contrat d’occupation provisoire numéro HK/OP 001547 du 26/11/2013, portant le numéro PC 4865, est réellement situé au lotissement Kashimbala, Territoire de Kipushi, enregistré au nom de Kabongo A Kabongo.

En somme, l’IRDH note que la concession revendiquée par Freddy Kasongo, sous PC 707, n’a pas de localisation précise ni de délimitation formelle. Elle n’est non plus répertoriée dans la circonscription foncière de Kipushi Nord où se trouve le lotissement querellé. De même, qu’il n’y a aucune trace de la DGM, ni du Conseil d’Etat.

La zone visée, de plus de 8.000 hectares, couvre des parcelles légalement attribuées à des tiers et répertoriées au service de cadastre foncier, y compris l’entité publique, INERA Kipopo. La confusion, l’inexactitude, le doute, l’imprécision et l’illisibilité de la situation géographique de la concession réclamée par Freddy Kasongo, rend toute reconnaissance juridique impossible.

En décembre 2024, le ministre d’Etat en charge de la Justice avait instruit de déguerpir tout militaire qui occuperait illégalement ces propriétés privées. Et, le 4 juin 2025, celui de la recherche scientifique, Gilbert Kabanda, avait adressé une la lettre de dénonciation officielle, à Madame la Première ministre.

Au regard de tout ce qui précède, l’IRDH invite la Cheffe du Gouvernement à restaurer l’autorité de l’Etat, réhabiliter les victimes dans leurs droits et réprimer les autorités du Haut-Katanga qui seraient coupables ou complices de l’extorsion ainsi dénoncée.