Mesdames et messieurs, Distingués invités,
Je
suis particulièrement honoré de me tenir devant vous, ce jour, et j’aimerais
remercier, à cette occasion, The Financial Times, pour cette opportunité qui
m’est encore une fois donnée de parler de l’Afrique et principalement de la
République Démocratique du Congo.
Avant
d’entrer dans le vif de mon allocution, j’aimerais profiter de ma présence dans
la mégapole londonienne pour exprimer, aux peuples du Royaume-Uni de Grande
Bretagne et de l’Irlande du Nord, toute ma compassion et ma solidarité quant à
la disparition de Sa Majesté la Reine Elizabeth II.
Mesdames
et Messieurs, Distingués invités,
Le continent africain a de tous temps fait l’objet d’un antagonisme discursif
consistant d’une part, à la vanter pour les potentialités dont elle regorge ;
et d’autre part, à la vilipender pour les réalités économiques, sociales et
politiques qui l’ont transcendé depuis la période faste des indépendances.
Ma présence à cette tribune tend non pas à exacerber davantage cet antagonisme
mais plutôt à faire le plaidoyer honorable de cette Afrique qui se lève, qui
avance et qui chaque jour durant, prend la mesure de sa grandeur et s’assume.
En
effet, comment pourrais-je faire fi du réveil de l’Afrique, longtemps considéré
comme un géant au pied d’argile au moment où notre continent et mon pays, la
République Démocratique du Congo, en particulier, constituent aujourd’hui le
graal dont l’humanité a besoin pour assurer sa survie ?
L’assurance de mes propos tient du fait des statistiques qui démontrent que
nous sommes le continent qui offre le taux de rendement net le plus élevé
comparativement aux autres continents, avec la présence d’économies qui
affichent des taux de croissance oscillant à 5 % l’an, pendant qu’ailleurs,
certaines économies peinent à franchir le seuil des 2 %.
Par ailleurs, Le Rapport 2022 sur l’investissement dans le monde de la
Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement (CNUCED en
sigle), publié le 9 juin, révèle que les investissements directs étrangers vers
les pays africains ont atteint un niveau record de 83 milliards de dollars,
plus du double du total enregistré en 2020.
Aujourd’hui,
plus qu’hier, investir en Afrique devient une nécessité, pour ne pas dire un
acte salvateur, non pas dans la logique du discours réducteur et marginalisant
qui a toujours prévalu à l’encontre de nos populations, mais plutôt vis-à-vis
des enjeux auxquels l’humanité est confrontée.
En effet, vous n’êtes pas sans ignorer les effets dévastateurs du réchauffement
climatique et l’obligation qu’il nous incombe en tant qu’êtres humains, sans
distinctions aucune, d’accélérer notre transition vers l’émergence d’une
économie verte et durable pour ainsi sauver notre planète.
Comme lors de toutes les grandes mutations qui ont pu jalonner l’existence
contemporaine de ce monde, l’Afrique a et aura toujours un rôle à jouer ; celui
qu’elle s’est, cette fois-ci, choisie elle-même et pour lequel elle revendique,
pour elle-même, la légitimité au vu des éléments ci-après :
1. L’Afrique, est tout d’abord synonyme de dynamisme et d’avenir. En effet,
contrairement aux autres continents, l’Afrique se veut jeune car composée à
plus de 60 % d’une population âgée de moins de vingt-cinq (25) ans ;
2. L’Afrique c’est également, le vivier minéral les plus prolifiques de notre
planète puisque possédant près d’un tiers des réserves en minerais de celle-ci
;
3. L’Afrique est enfin, la clé de voûte de cette nouvelle révolution
industrielle, dite verte, et qui passe notamment par :
• L’utilisation de ressources minérales pour la production d’artefacts peu
polluants ;
• La protection de l’environnement et la protection des espaces verts et
particulièrement des forêts ;
• Le changement de nos modes de vie, en adoptant de nouvelles techniques
responsables de gestion des ressources qui pour certaines ancrées dans nos us
et coutumes, autrefois considérés comme marginaux, mais qui s’avèrent
aujourd’hui prisées et même définies comme salvatrices.
Mesdames
et Messieurs, Distingués invités,
Je ne pourrais m’appesantir davantage sur les potentialités dont regorge
l’Afrique, et le rôle qu’elle se revendique, notamment sur le plan de l’avènement
de cette économie à émissions nettes zéros carbone sans pour autant évoquer mon
pays, la République Démocratique du Congo.
Première
productrice de cobalt au monde, avec un volume représentant près de 70% de la
production mondiale, la République Démocratique du Congo abrite plus de 25
millions de tonnes de réserves identifiées dans son sous-sol, soit plus de 50 %
des réserves de la planète. Elle est également riche d’autres minéraux entrant
dans la fabrication des batteries électriques, tels que le cuivre, le
manganèse, le chrome et le lithium.
À ce titre, je m’en vais uniquement rappeler les enquêtes Bloomberg réalisées
en 2021, qui ont clairement mis en évidence qu’installer une usine traitant 10.000 tonnes de minerais par an (cobalt, lithium, manganèse, nickel et cuivre)
coûterait 117 millions de dollars américains aux États-Unis d’Amérique, 112
millions de dollars américains en Chine, 65 millions de dollars américains en
Pologne et seulement 39 millions de dollars américains en République Démocratique
du Congo. Autrement dit, le coût est presque trois fois moins important dans
notre pays qu’en Chine ou aux États-Unis, et deux fois moins qu’en Pologne.
Outre l’indéniable potentiel minier, la République Démocratique du Congo
possède une faune et une flore quasiment unique au monde, de même qu’un fort
potentiel agricole avec une superficie cultivable estimée à quelques 75
millions d’hectares dont moins de 10 seraient actuellement exploités. À côté de
ces ressources, figure le Bassin hydrographique du Fleuve Congo deuxième poumon
mondial après l’Amazonie et prisé pour la production d’hydrogène vert.
Mesdames
et Messieurs, Distingués invités,
Pourquoi donc ne pas investir en Afrique ?
Malgré ce bref exposé des potentialités et des opportunités d’investissements
dont regorge l’Afrique, en général, et la République Démocratique du Congo, en
particulier, je ne puis ignorer que certaines interrogations bien souvent
exprimées sous la forme de doutes, peuvent subsister. Celles-ci, trouvent leurs
racines dans l’épineuse question de la stabilité des institutions et du climat
des affaires.
L’Afrique et la République Démocratique du Congo, notamment, ont eu, tel que
mentionné dans mon introduction, à faire l’objet d’un antagonisme discursif
oscillant entre séduction et répulsion, laissant ainsi la part belle aux hommes
d’affaires à la réputation sulfureuse et aux investissements viciés, pour ne
pas dire véreux, à son plus grand dam.
Il est vrai que le continent africain fait l’objet d’un activisme de groupes
armés, certains identifiés comme terroristes comme c’est le cas de la
République Démocratique du Congo, alimenté par les volontés prédatrices de
certaines puissances, parmi lesquelles on retrouve parfois des États voisins,
comme c’est le cas du Rwanda, État-membre du Commonwealth, qui mène une guerre
par procuration dans l’Est de mon pays, sous couvert du groupe terroriste du
M23.
Le continent africain fait aussi l’objet de sursauts et d’interruption non-
démocratiques du cours des institutions à travers la perpétration de coups
d’État, notamment. Cependant, les silences parfois complices des puissances
internationales ainsi que des médias internationaux, l’ignorance des cris
d’alarme et de colère exprimé par nos peuples à travers leurs dirigeants dans
les forums internationaux contribuent malheureusement à ce que l’Afrique ne
soit perçue que comme un continent à problème.
Je saisis donc l’opportunité m’offerte par cet évènement pour dénoncer cette
passivité, et parfois complicité, dans le traitement et la considération donnée
à la couverture médiatique et politique des évènements ayant cours en Afrique
et appelle à davantage de responsabilité, et d’enthousiasme quant à la capacité
de cette Afrique à garantir la sécurité de ses populations mais également des
investissements qui y sont développés.
Mesdames
et Messieurs, Distingués invités,
L’Afrique et la République Démocratique du Congo ne s’avoueront jamais vaincues
et ne s’apitoieront plus pour leur sort. Au contraire, l’Afrique aspire a
davantage de considération et se décide, à travers ses nations dont la
République Démocratique du Congo, à prendre le devant afin de prêcher la
nouvelle qui veut qu’elle soit aussi importante que tous les autres blocs
régionaux aussi bien dans la conduite et la gestion des affaires de ce monde
que dans l’avènement de cette nouvelle économie plus responsable.
En
ce qui concerne la République Démocratique du Congo, celle-ci, vous attend,
avec responsabilité et dignité pour ainsi contribuer et concourir à la volonté
de développement que nous mettons chaque jour davantage en œuvre. D’ailleurs,
de nombreuses avancées ont été enregistrées, notamment dans le cadre du climat
des affaires.
En effet, ayant fait de l’investissement l’une des pierres angulaires pour le
développement de mon pays, j’ai impulsé un ambitieux programme de réformes
économiques visant à faire de celui-ci, un véritable hub d’attractions pour des
nouveaux projets ambitieux. On y retrouve, notamment, un cadre légal et
réglementaire mis à jour, des mesures d’incitation fiscale à la création des
zones économiques spéciales et l’adoption de nouvelles mesures visant à
renforcer la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme, ceci afin de créer un environnement propice aux investissements
congolais, africains et du reste du monde.
Pour conclure, je dirai, tel que vous avez pu le constater, un nouveau
paradigme a vu le jour ; celui d’une Afrique et d’une République Démocratique
du Congo, notamment, décomplexées, avides de progrès et de développement, et
fin-prêtes à jouer leur rôle dans la marche du nouveau monde qui pointe à
l’horizon.
Mesdames
et Messieurs, Distingués invités
L’Afrique et la République Démocratique du Congo vous attendent
Je
vous remercie.