Je voudrais tout d’abord vous exprimer, Monsieur le
Président de la Fédération de Russie, et, à travers vous, au Gouvernement et au
peuple russe, notre sincère gratitude pour l’accueil chaleureux qui nous a été
réservé depuis notre arrivée sur le sol ami de la Russie. Je salue
particulièrement mon frère, le Président de la République Arabe d’Egypte,
Monsieur Abdel Fattah al-Sissi, co-président de ce Sommet. Le choix porté sur
la charmante ville de Sotchi pour abriter le premier Forum économique Russie –
Afrique me semble particulièrement judicieux pour réfléchir sur les
orientations nouvelles et fortes dans les relations économiques entre la Russie
et l’Afrique. Je n’ai aucun doute que nos échanges de Sotchi aboutiront à la
promotion d’un partenariat Russie – Afrique mutuellement avantageux.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Les impératifs de coopération et de développement ont
conduit mon pays à adopter le « bon voisinage et l’ouverture au monde » comme
principes directeurs de notre politique étrangère qui met l’intérêt supérieur
de l’homme Congolais au centre des partenariats porteurs de croissance forte et
inclusive. Longtemps victime de conflits et de recul socio-économique, mon
pays, la République Démocratique du Congo, mesure l’importance du dialogue des
civilisations et du respect des souverainetés nationales.
Les efforts des pays africains pour le développement et
le mieux-être social sont sérieusement handicapés par manque de vision de
politique commune et concertée. Dans l’esprit d’un partenariat bénéfique pour
la Russie et l’Afrique, le présent Forum de Sotchi devra répondre aux attentes
des parties prenantes.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Du fait de sa population, sa superficie, son
écosystème, ses ressources du sol, du sous-sol et de son potentiel
hydro-électrique, la République Démocratique du Congo qui partage ses
frontières avec neuf pays, demeure un maillon important dans le développement
de l’Afrique. Selon la Banque Africaine de Développement, l’Afrique a besoin
d’importants investissements situés entre 130 et 170 milliards de dollars par
an avec un gap de 68 à 108 milliards de dollars. La forte dépendance au secteur
minier n’a pas été propice à l’émergence des économies africaines. Dans le cas
spécifique de mon pays, entre 2010 et 2014, les entreprises minières et
pétrolières ont mobilisé des revenus de l’ordre de 48,5 milliards de dollars
alors que le pays n’en a tiré que 6,9 milliards de revenus. Les multinationales
investissent continuellement en RDC, comme dans les autres pays africains à
haut potentiel minier. Il est cependant surprenant de constater qu’elles sont
peu sensibles aux sirènes entretenues par les médias dominants à l’échelle
mondiale, qui dépeignent le continent comme le réservoir de tous les malheurs,
la zone rouge de tous les investisseurs. Cet afro-pessimisme médiatique à
géométrie variable constitue une injustice qui devrait cesser.
Mesdames et Messieurs,
Le modèle de développement durable que j’ai choisi
consacre le primat de l’agriculture sur les mines. Avec ses 120 millions
d’hectares de terres arables, le lac Tanganyika, le plus poissonneux et le
deuxième lac au monde par le volume et la profondeur après le lac Baïkal, mon
pays peut atteindre l’autosuffisance alimentaire et nourrir deux milliards de
personnes en résorbant ainsi deux fois le déficit alimentaire mondial.
Le chemin qui mène de la pauvreté au bien-être a été
balisé par les Agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine
auxquels s’ajoute le lancement de la Zone de Libre-échange Continental
Africaine, pour lesquels l’Afrique sollicite l’accompagnement de la communauté
internationale en général et de la Russie en particulier. Dans ce contexte,
l’Afrique entend demeurer en dehors des rivalités des grandes puissances.
Partisan d’un nouvel ordre mondial plus équilibré et plus inclusif, je
m’associe à la volonté exprimée pour demander que la Russie réintègre le G7.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Pour terminer, je considère que ces assises de Sotchi
ne seront un succès que dans la mesure où la mise en œuvre de leurs résolutions
permettra notamment l’installation des usines locales de transformation dans
les secteurs des industries extractives et de l’agroalimentaire, le transfert
des technologies, la modernisation des infrastructures et l’accessibilité aux
financements innovants des investissements.
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