Les leaders de la Communauté de
développement de l’Afrique australe (SADC) doivent intensifier les efforts afin
d’assurer la sécurité des personnes atteintes d’albinisme, notamment en luttant
contre l’impunité généralisée, a déclaré Amnesty International le 14 août
2019 à l’approche du 39ème sommet des chefs d’État de la SADC en
Tanzanie.
Environ 150 personnes albinos
ont été tuées pour des parties de leur corps dans des pays tels que le Malawi,
la Tanzanie, le Mozambique et la République démocratique du Congo (RDC) depuis
2014. La Tanzanie a enregistré le plus grand nombre d’homicides, soit 76, sur
cette période.
« À travers la région de la
SADC, les personnes albinos continuent de vivre dans la crainte d’être tuées ou
enlevées pour des parties de leur corps. Ces vagues d’attaques violentes sont
alimentées par la croyance erronée et dangereuse selon laquelle certaines
parties du corps des personnes albinos apportent la prospérité, a déclaré
Deprose Muchena, directeur du Bureau régional d’Amnesty International pour
l’Afrique australe.
« Les leaders de la SADC
doivent s’attaquer aux causes profondes de ces agressions ciblées afin de
mettre un terme au calvaire des personnes albinos, toujours terrorisées par les
bandes criminelles dans la région. Alors qu’ils se réunissent en Tanzanie cette
semaine, ils doivent stopper la progression de ces crimes horribles. »
Ces dernières années, des centaines
de personnes atteintes d’albinisme ont été victimes d’attaques, notamment de
mutilations, d’enlèvements et de tentatives d’enlèvement. Les crimes visant les
personnes albinos sont devenus une pratique transnationale dans la région de la
SADC : des victimes sont attirées hors de pays comme le Malawi et sont par
exemple retrouvées au Mozambique.
Les défaillances de la justice
pénale, comme la piètre gestion des dossiers et des preuves, s’agissant de
résoudre les cas de crimes visant des personnes albinos renforcent l’impunité
et favorisent les crimes contre ce groupe vulnérable.
Si des réformes légales sont en
cours, comme les modifications apportées au Code pénal et à la Loi relative à
l’anatomie, afin de contrer ces attaques, dans des pays comme le Malawi et la
Tanzanie, elles doivent encore produire des résultats positifs car les
personnes albinos sont toujours la cible des gangs criminels.
« Il est intolérable que les
personnes albinos continuent de vivre à la merci de ces bandes criminelles. À
la faveur de ce sommet, les dirigeants de la SADC doivent adresser un message
clair : les responsables de ces attaques n’échapperont pas à la
justice », a déclaré Deprose Muchena.
Amnesty International demande aux
dirigeants de la SADC d’adopter un Plan d’action régional, afin de mettre en
œuvre une réponse coordonnée pour assurer la sécurité des personnes albinos à
travers l’Afrique australe.
Complément d’information
Le Forum parlementaire de la
Communauté de développement de l’Afrique australe a adopté une motion
condamnant les attaques, enlèvements, homicides et actes de discrimination
visant les personnes atteintes d’albinisme dans la région lors de sa 45e session
à Maputo, le 24 juillet. Amnesty International estime que c’est une mesure
positive qui fait avancer la région vers une véritable prise en compte du cycle
d’atteintes aux droits humains visant ces personnes.
Les personnes albinos continuent
d’être en butte à des violations des droits humains – stigmatisation et
discrimination notamment – , à un accès inadapté aux services de santé et
d’éducation, ainsi qu’à d’autres exclusions sociales. On compte des dizaines de
milliers de personnes albinos dans la région de la SADC.
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