A travers un accord de cogestion visant
l’amélioration de la gestion et l’établissement d’un partenariat public-privé
afin de préserver la biodiversité et les services écologiques fournis par le
Parc National de Salonga, l’Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature (ICCN) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) s’engagent dans un
programme de gestion conjointe du premier parc forestier d’Afrique.
« Ce
qui fait de la Cogestion une innovation à la Salonga c’est son caractère inclusif, intégral et
participatif qui remet véritablement la population au centre de la
conservation. Aujourd’hui plus que jamais, le message du WWF et de l’ICCN est
clair et révolte positivement les communautés de la Tshuapa qui comprennent
pour la première fois que les éléphants, les bonobos, les perroquets etc. du
PNS sont économiquement plus important pour eux et les futures générations, non
pas à cause de leur ivoire mais bien lorsqu’ils sont vivant, se
reproduisent, sont visités etc. Plus il y aura cette biodiversité à la
Salonga, plus les investisseurs injecteront les ressources qui bénéficieront à
la conservation et aux populations. De ce point de vue, l’ennemi le
plus redoutable à combattre quel que soit le prix à payer, c’est
tous ces réseaux de trafiquant d’ivoire et d’espèces qui travaillent
malheureusement en complicité avec les membres des communautés eux-mêmes» a dit
dans son allocution; M. Jean Claude Muhindo Bakwabaya, Directeur National du
WWF.
Créé en
1970 et couvrant 33.350 km², le Parc National de Salonga (PNS)
représente la plus grande étendue de forêt dense humide protégée en Afrique.
Constitué de deux grands blocs «nord » et « sud », chacun
constitué de trois secteurs, séparés par le couloir de Monkoto (45 km de
large), il est le parc national forestier le plus grand d’Afrique et le
deuxième parc de forêt tropicale au monde.
En 1984,
le PNS a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO pour
ses espèces phares dont le (Bonobo, éléphant de forêt, paon congolais,….).
Cependant, en raison de la guerre civile qu’a traversé le pays, il figure
depuis 1999 sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Au
sortir d’une longue période de conflits et de déstabilisation du pays, le
réseau des aires protégées de la RDC dont l’ICCN a la responsabilité de gestion
se trouvait dans une situation d’affaiblissement. Le manque de contrôle de
l’Etat sur plusieurs zones du pays dont les parcs nationaux, a mené à une
situation de gestion difficile aggravée plus encore par les pressions subies
par les aires protégées du fait du braconnage récurrent, en particulier pour
l’ivoire; la vente de gibier et d’animaux vivants, l’extraction massive de
minerais, la demande de plus en plus accrue d’utilisation des sols pour
l’agriculture et l’élevage, et la présence de groupes armés.
Depuis
2005, en étroite coopération avec l'ICCN et ses partenaires, le WWF met en
œuvre un programme de conservation dans le Parc National de Salonga (PNS)
et dans le paysage environnant le parc. Mais en dépit de ces initiatives de
conservation, l’ICCN, le WWF et leurs partenaires ayant reconnus que les
valeurs de la PNS étaient toujours sérieusement menacés, et que par conséquent,
un programme plus ambitieux et sous une approche novatrice était nécessaire,
ont mis sur pied le programme de Cogestion du Parc National de Salonga.
« C’est
la première fois qu’une enveloppe aussi importante est allouée à la gestion du
Parc National de Salonga, ce qui est pour nous une occasion de remercier
nos partenaires notamment l’UE, la KfW, et L’USAID, pour leur engagement
ininterrompu dans nos différents parcs. Aujourd’hui c’est au tour de Salonga de
bénéficier d’un appui qui non seulement est consistant mais aussi tient compte
des populations riveraines. Le programme de Cogestion prévoit une enveloppe
importante aux projets bénéficiant aux populations environnantes du Parc »
a dit M. Wilungula Balongelwa Cosma, Directeur général de l’Institut
Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).
Afin de
marquer l’importance de l’accord de Cogestion, ensemble les autorités
représentant le gouvernement central et provincial, les principaux partenaires
financiers représentés par l’ambassadeur de l’Union Européenne,
l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne et le représentant adjoint
de l’USAID en RDC, qui se sont engagés à soutenir cette initiative, se sont
retrouvés le 19 Mai 2016 à Monkoto dans la province de la Tshuapa au cœur du
Parc National de Salonga pour lancer le démarrage officiel de cette
nouvelle phase de l’histoire du parc et installer officiellement par la
même occasion le nouveau Directeur du Parc, M. Oliver Nelson.
Le
programme de cogestion du PNS vise à contribuer à l’objectif global de
la conservation de la biodiversité tout comme à la réduction de la pauvreté et
à la stabilisation des effets du changement climatique. Dans le cadre de
la gestion des aires protégées, il s’agit de réduire la tendance à la
surexploitation des aires protégées et d’établir les conditions d’une gestion
durable contribuant à la protection de la biodiversité et à l’exploitation
durable des forêts tropicales ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie
des populations locales.
« Aujourd’hui
il n’existe aucune infrastructure à
Monkoto, le niveau d’éducation est l’un des plus alarmant du pays et pourtant
les éléphants ont été massivement massacrés pour leur ivoire vendu aux
trafiquant dans des grandes villes qui n’ont rien rapporté aux communautés. Par
contre, c’est à cause des quelques éléphants, bonobos, et autres espèces
emblématiques encore vivantes, qu’aujourd’hui Monkoto et la Tshuapa commencent
à avoir quelques infrastructures grâce aux investissements des partenaires
financiers tel que l’UE, la KfW et l’USAID engagés dans la protection de
Salonga ». a dit, le Directeur Muhindo. La Cogestion de Salonga par
l’ICCN et le WWF est une dernière chance pour cette province, de
profiter des retombées de cet immense héritage légué par la Nature et de
lutter contre la pauvreté».
La
République Démocratique du Congo (RDC) est internationalement reconnue parmi
les deux premiers pays d’Afrique, avec l’Afrique du Sud, en termes de diversité
biologique de par la grande gamme de ses écosystèmes, habitats, espèces
fauniques et floristiques, dont nombreuses sont endémiques, ainsi que le
réservoir génétique qu’ils constituent.
L’ICCN a
pour mission d’assurer la protection de la faune et de la flore dans l’ensemble
des aires protégées de la RDC, de favoriser la recherche et le tourisme en leur
sein et de gérer les stations de capture et de domestication.