A l’occasion de la célébration du 61ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC), la Présidente du mouvement Le Congo Mérite Mieux (CMM), Philo Makiese Sitina, dresse un diagnostic alarmant du pays et propose des pistes de solution pour freiner la descente aux enfers. Mme Philo Makiese rappelle tout d’abord que la RDC est dans une situation économique, politique, sociale et sécuritaire qui met actuellement les populations congolaises face à plus de problèmes que de solutions. Sur le plan social, les Congolais meurent de faim, ils n’ont pas d’emplois, ni d’accès aux services sociaux de base.
En effet, la santé, l’éducation, l’assurance sociale, les transports, la justice (les réformes opérées sur le plan de la justice, à savoir les nominations des magistrats, teintées de tribalisme et népotisme) restent hors de portée des populations et cet état des choses appelle à des réactions urgentes. L’économie de la RDC est par terre : l’État ne crée pas d’entreprises de production, alors qu’on sait qu’une économie forte se fait sur la base de la production. La plupart des entreprises implantées en République Démocratique du Congo opèrent dans le secteur du commerce d’importation, avec des produits qu’elles ne produisent pas. Ces entreprises vendent aux populations la production des autres, et ces entreprises qui sont ainsi créées appartiennent souvent aux étrangers, notamment dans les mines et l’agroalimentaire où les supermarchés et les entreprises d’importation d’aliments demeurent la propriété d’étrangers.
Sur le plan de la sécurité, l’Est de la République, toujours instable demeure le ventre mou du pays. Malgré l’instauration de l’état de siège, les tueries continuent. On constate même que les assaillants ont changé de mode opératoire, comme à Beni, où ils se comportent maintenant comme des terroristes islamistes, en faisant recours aux bombes artisanales. Sur le plan politique, les réformes attendues pour conduire le peuple aux élections en 2023 se font toujours attendre, et celles entreprises provoquent des réactions de rejet, à l’instar de la déclaration de la Conférence de évêques du Congo (CENCO), qui a dénoncé ces nouveaux textes estimant qu’ils « n’apportent pas les réformes exigées et ne garantissent pas des élections crédibles pour les cycles à venir. ». D’autre part, le processus électoral n’est guère respecté. Les élections à la base n’ont jamais été organisées depuis 2006. L’État se focalise sur l’organisation des élections législatives et présidentielles, alors que le processus devait commencer à la base avec l’élection des conseillers municipaux, pour aboutir aux élections présidentielles, au sommet.
En RDC, l’on a inversé le processus. Au Congo, on va désormais en politique pour la recherche des biens matériels et de l’argent, mais pas pour une idéologie. A l’issue de l’élection présidentielle de 2018, le pouvoir était une coalition des plateformes CACH et FCC, mais avec des intérêts divergents, alors qu’un tel attelage suppose tendre vers un objectif commun. Aujourd’hui, l’Union Sacré de la Nation, instaurée par le Président de la République, peine à unir autour des intérêts communs. Il suffit de voir comment s’est soldée la demande de levée des immunités de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo sur l’affaire Bukanga Lonzo pour s’en convaincre. Compte tenu de ce tableau peu reluisant et afin d’aboutir à quelques pistes de solutions, la présidente du CMM, Philo Makiese Sitina soutient que le Congo mérite une nouvelle intelligence, qui suppose une vision pour le Congo, des stratégies et des objectifs dignes de la RDC.
Elle invite donc les Congolais à se rendre
compte de l’urgence de la situation et de la nécessité d’agir pour sauver le
Congo, et propose les pistes de solution ci-après :
Sur le plan politique et diplomatique
-
Le Congo doit se doter des moyens d’un État, lui permettant d’exercer
l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire ;
-
Se doter d’une armée capable de défendre chaque mètre carré du territoire
national et de dissuader toute agression, que ce soit à l’extérieur ou en
interne ;
-
Faire asseoir une justice forte et juste qui garantisse le respect de la
constitution et des lois du pays ;
-
Revoir ses relations avec ses voisins, notamment l'Ouganda et le Rwanda, avec
lesquels dans un passé récent, il entretenait des relations difficiles ;
-
Imprimer un leadership fort dans la sous-région digne d'un grand pays ;
-
Au niveau local, assurer une mise en place effective de la décentralisation,
afin de permettre à nos entités locales d'avoir les moyens nécessaires pour
leurs développements ;
-
La nouvelle intelligence suppose une vision pour le Congo, des stratégies et
des objectifs dignes du Congo.
Sur le plan économique :
-
Au vu du potentiel extraordinaire que possède le pays (sol, sous-sol, cours
d’eau, climat, etc.), nous devons maintenant être aptes à transformer tout ce
potentiel en force de production qui assurera la prospérité économique du pays.
Cette prospérité donnera à son tour les moyens d’avoir une diplomatie
efficiente, parce qu’un pays qui n’a pas de ressources ne peut pas être fort
diplomatiquement ;
- Il faudrait notamment étudier comment
utiliser nos ressources naturelles (par exemple l’eau) pour qu’elles soient
profitables pour notre pays et aux Congolais, sachant que :
1.
La RDC est un des plus grands réservoirs d’eau douce en Afrique, grâce à son
grand fleuve et ses affluents, mais aussi grâce à ses nombreux lacs ;
2.
Le Congo est le 2e poumon de la planète, grâce à sa forêt équatoriale ;
3.
Notre pays possède autant de terres arables qui peuvent nourrir toute la
planète ;
4.
Il possède aussi un sous-sol avec des minerais, parmi lesquels, le cobalt, le
coltan, qui interviennent dans la fabrication d’objets technologiques de pointe
(ordinateurs, smartphones, satellites, moteurs d’avions, fusées, batteries de
voitures électriques, etc.).
Sur le plan culturel
-
Sur le plan culturel, il y a une forte ascendance de l’étranger sur nous.
Certains éléments importants de notre culture comme la danse, la musique, la
cuisine, les arts, méritent d’être fortement valorisés. - Il convient aussi par
conséquent, de valoriser nos langues nationales et de les étudier dès l’école
élémentaire, et valoriser nos arts pour en faire des moteurs du développement
de la RDC (sculpture, peinture, musique, etc.).
-
La musique qui est l’un des arts les plus représentatifs de notre culture, et
qui localement est déjà un vecteur de cohésion, peut être une source de revenus
importants, si on la dote de moyens de production et d’expansion ou de
distribution.
-
Il y a également notre folklore qui est un élément touristique important, qui
peut tout aussi attirer des ressources financières à travers l’organisation des
festivals et divers autres manifestations culturelles ;
Après
61 ans d’errance sur le plan politique, économique et social, conclut Madame
Philo Makiese Sitina, il est grand temps de prendre le destin de notre pays en
main et de contribuer tous, et chacun à son niveau, à l’édification d’un Congo
meilleur.