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mardi 5 novembre 2013

POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES MÉDIAS, PORTE PAROLE DU GOUVERNEMENT



Kinshasa, 5 octobre 2013

Mesdames et Messieurs,

Les journées d’hier lundi 3 et d’aujourd’hui 4 novembre 2013 demeureront marquées d’une pierre blanche dans l’histoire récente de notre pays la République Démocratique du Congo. En effet, c’est essentiellement au cours de la nuit qui vient de s’écouler que s’est dénoué, du moins militairement, le drame des millions de Congolaises et de Congolais pris au cou par une phalange criminelle et prédatrice à partir du territoire d’un pays voisin.
Depuis la matinée d’hier, nos vaillantes Forces de défense et de sécurité (FARDC) avaient reçu l’ordre de faire taire coûte que coûte les canons à longue portée qui, au lendemain d’un engagement en trompe-l’œil du M23, continuaient à décimer les populations civiles de Bunagana et des environs à partir du triangle Mbuzi – Chanzu – Runyonyi. Ces trois montagnes constituaient, rappelons-le, les derniers bastions réputées inexpugnables des résidus de la rébellion du M23.
Après la bataille pour Mbuzi, nos troupes ont amorcé leurs progressions vers les deux autres réduits d’où provenaient les tirs aveugles et meurtriers. Dans le but d’économiser les vies humaines congolaises qui reste un leitmotiv dans la stratégie du Président de la République et Commandant Suprême des FARDC, une unité commando a saboté le dépôt du M23 de Chanzu dans lequel s’entassaient un nombre très impressionnant d’armes et de munitions en provenance de l’étranger ; la longue série d’explosions qui a suivi la réussite de cette opération a donné à croire en un assaut en règle des FARDC contre ce bastion, ce qui n’a pas été le cas. En réalité, à la suite de la destruction de leur poudrière, le général autoproclamé Rusandiza alias Sultani Makenga et ses têtes brûlées ont intériorisé leur défaite et commencé à mettre le feu à tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter dans leur fuite vers le Parc National qui jouxte la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Ce sont des lieux ouverts, vidés des extrémistes du M23 qui seront par la suite occupés par les FARDC qui ont sauvé plusieurs dizaines de compatriotes civils et militaires prisonniers des mutins. Une centaine de mutins du M23 ont été soit capturés, soit se sont rendus eux-mêmes aux troupes loyalistes.
Mesdames, Messieurs,
C’est une victoire militaire indéniable que les FARDC viennent de remporter sur les éléments du M23 et leurs mentors. Il ne viendrait à l’idée d’aucun citoyen congolais normalement constitué de bouder sa satisfaction devant cet exploit après tant d’années et d’épisodes d’humiliation qui ont failli briser la cohésion de la Nation. Les Congolais ont le droit de se réjouir à l’instar de nos sœurs qui ont décidé de battre le pavé aujourd’hui à Kinshasa pour féliciter le Chef de l’Etat et les FARDC. Nous nous réjouissons naturellement car le comportement de nos gars sur le théâtre des opérations militaires nous emplit d’une fierté légitime.
Pour autant, la République Démocratique du Congo refuse de s’enivrer de ce succès militaire. Beaucoup reste encore à faire pour stabiliser de manière durable la situation dans cette partie du pays qui vient d’être totalement libérée du joug des forces négatives. Le Gouvernement entend plonger de manière sérieuse dans la revisitation des causes profondes des flambées récurrentes de violence qui ont continuellement miné l’Est de notre pays. Seule la poursuite des volets politique et diplomatique des efforts en vue de la résolution de cette crise peut permettre d’y parvenir. C’est la raison pour laquelle, en dépit de cette victoire militaire sans ambigüités, le Gouvernement de la RDC tient à parachever les contacts déjà entrepris dans ce sens aussi bien à Kampala avec les éléments de ce qui est devenu, à en croire le communiqué de Monsieur Bertrand Bisimwa, l’ex-groupe armé M23 qu’à l’intérieur du pays avec la mise en œuvre des recommandations des Concertations Nationales qui se sont tenues à Kinshasa à l’initiative du Président de la République.
Comme on peut s’en apercevoir, beaucoup d’efforts ont été déjà consentis par notre pays. De tels efforts sont du reste reconnus et encouragés avec bonheur nos partenaires de la communauté internationale. Le communiqué qui a sanctionné le dernier sommet conjoint de la SADC et de la CIRGL tenu hier  à Pretoria (Afrique du Sud) en est une illustration. Pour votre édification, les chefs d’Etats et de gouvernements des deux organisations régionales réunis dans la capitale sud africaine en présence de notre président Joseph Kabila ont félicité les FARDC et la Brigade d’Intervention de la Monusco  « pour avoir repris de mains de maître les derniers bastions des forces négatives du M23 et avoir ainsi contribué à la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire congolais ». Ils ont également exhorté les Etats Membres à « œuvrer pour le rapatriement des forces négatives dans leurs pays d’origine dans le cadre de la lettre et de l’esprit de l’Accord cadre d’Addis Abeba ».
Cela se concrétisera notamment à travers l’action vigoureuse que notre Gouvernement, qui ne sera plus gêné par la mutinerie du M23, va lancer incessamment contre les forces négatives rwandaises des FDLR, ougandaises de l’ADF-NALU et LRA et burundaises des FNL qui n’ont que trop longtemps écumé notre terroir, y semant la mort et la désolation tout en menaçant la sécurité de leurs pays d’origine.
C’est dire que la victoire militaire d’hier sur le M23 n’a pas pour conséquence de mettre un terme aux efforts de normalisation de notre pays qui doivent, au contraire, se poursuivre.
A cet égard, il y a lieu de se féliciter du fait que malgré les provocations de la phalange extrémiste du M23 qui a entrainé les derniers affrontements de la semaine dernière, une certaine harmonisation de vues soit intervenue à Kampala sur 11 clauses de ce qui sera la Déclaration de Kampala (nous préférons cette terminologie à celle d’accord étant donné qu’on ne peut pas signer un accord avec quelque chose qui a cessé d’exister, car s’étant auto dissous) devant conclure les pourparlers de Kampala entre le Gouvernement et le désormais ex mouvement armé M23. Nous espérons de tout cœur que cette Déclaration de Kampala sera signé dans les plus brefs délais pour donner une chance et plus de temps aux actions de désarmement des autres forces négatives qui conditionnent la réhabilitation du Nord et du Sud-Kivu.
Ainsi peut se comprendre notre insistance à voir les éléments du M23 déclarer publiquement la fin de la rébellion qu’ils avaient lancé il y a de cela presque 20 mois. Conformément au chronogramme arrêté hier par les Etats de la SADC et de la CIRGL réunis en sommet à Pretoria (Afrique du Sud), ce n’est qu’après cette déclaration publique du M23, auquel on avait donné un délai de 48 heures pour ce faire, que le Gouvernement de la RDC prendra publiquement acte de la renonciation du M23 à la rébellion armée, le temps d’en vérifier la réalité sur terrain. Cinq jours après avoir ainsi pris acte du sérieux de l’engagement de l’ex-rébellion, les autorités gouvernementales congolaises apposeront en toute confiance leur signature aux côtés de celle des représentants du M23 dans la Déclaration de Kampala.
C’est dire que le communiqué signé par Bertrand Bisimwa et diffusé ce mardi 5 novembre 2013 est ce que nous pouvons appeler un pas dans la bonne direction. On y lit notamment que « La direction du Mouvement du 23 mars annonce à l’opinion nationale et internationale qu’elle a décidé à dater de ce jour de mettre un terme à sa rébellion et de poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création. » Le même communiqué enjoint aux Chefs militaires du M23 de préparer les hommes de troupes de ce mouvement afin de les présenter au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion sociale « dont les modalités sont à convenir avec le Gouvernement de la République Démocratique du Congo. » Si ce document est authentifié, il aura marqué une grande évolution conformément au schéma de sortie de crise qui a été convenu à Kampala et finalisé à Pretoria.
Entretemps, sur le terrain, les FARDC vont poursuivre avec l’appui de la Brigade d’Intervention de l’ONU, conformément à la résolution 2098 du Conseil de sécurité, la traque des autres forces négatives qui n’auront pas fait droit à l’ultimatum que leur a lancé le Président Joseph Kabila il y a quelques jours.
C’est le lieu de répéter qu’il n’y a plus de place dans notre pays, pour quelque groupe armé irrégulier que ce soit, qu’il s’agisse des FDLR rwandais, des ADF-NALU et de la LRA ougandaises, des FNL burundais, ainsi que de tous les groupuscules Maï-maï congolais.
Il n’est inutile de rappeler, s’agissant des FDLR, que leur nombre a été réduits à ce jour de plus de 80 % réduits grâce aux campagnes organisées par les FARDC seules. Il n’y a donc pas lieu de douter de la volonté ni de l’efficacité de la RDC contre cette force négative en provenance du Rwanda qui cause aujourd’hui bien plus de dommage aux populations congolaises qu’à leur pays d’origine. Le Congo tient aux relations de bon voisinage avec son voisin le Rwanda tout comme avec tous ses autres voisins. Il ne ménagera rien pour ce faire et espère qu’il en sera de même en retour.
En même temps qu’il réitère ses félicitations à l’endroit des FARDC pour leur bravoure, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo tient à rendre hommage à toutes les couches de notre peuple qui n’ont jamais ménagé leur appui à nos forces de défense dans cette action de défense de la patrie.

Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement

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